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Elle colla, toute la nuit, les plumes rebelles, qui s’envolaient par la chambre au moindre coup de vent.

Elle travailla dans un rayon de lune, et le soleil levant la trouva toujours occupée. Les ailes terminées — deux grandes ailes multicolores — elle enleva sa robe et les cousit dessus avec son plus gros fil.

Elle sanglota, la tête contre la terre dure.

Il faisait à peine jour, quand elle sortit de la cabane sur la pointe des pieds. Elle était si émue que son cœur frétillait comme une souris.

« Maman ! Maman ! pensait-elle. Je vais te revoir. »

Elle atteignit le verger, grimpa sur la plus haute branche d’un pommier et compta : « Une, deux, trois ! » Elle s’élança en étendant les bras, la tête tournée vers le ciel. Les ailes ne se déployèrent pas… les ailes lourdes l’entraînèrent sur le sol. Elle ne se fit pas grand mal, mais en voyant tout son ouvrage perdu, elle n’eut plus d’espoir.

Elle sanglota, la tête contre la terre dure et le grandes ailes la couvraient d’un étrange manteau.

Le soleil monta dans le ciel : les fleurs s’ouvrirent et la rumeur confuse des vies qui se réveillent s’éleva de la nature matinale.

Là-bas, sur le chemin, des sons clairs se mirent à sautiller avec allégresse. Un petit paysan s’avançait, tenant entre ses doigts une flûte en bois doré.

Fanfreluche leva la tête et poussa un cri : « Ma baguette magique ! »

— « Comment ;  ! s’exclama le petit garçon, c’était une baguette magique ! »

— « Oui, oui, c’est bien la mienne. Où l’as-tu trouvée, dis-moi ? »

— « Dans la forêt. J’allais cueillir des myrtilles. Je m’en suis taillé une flûte. Oh ! si j’avais su !… »

— « Il est temps encore. Que désires-tu ? »