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« Une fée ne porte pas une jupe trouée, lui fut-il répondu. Petite fille, dis-nous ton vrai nom ? »

Fanfreluche se mit à trépigner en voyant qu’on ne la croyait pas. Les paysans se dirent qu’elle était simple d’esprit. Ils étaient bons et l’invitèrent à demeurer avec eux.

Dorénavant, Fanfreluche garderait les vaches dans la prairie ; on l’appellerait Marie : c’était plus court.

Le paysan alla donc chercher ses trois vaches, dont l’une était rousse, l’autre noire et la troisième blanche.

Il installa Fanfreluche dans le pré, mit une longe à ses pieds, un tricot entre ses mains.

« Il faut, lui dit-il, veiller à ce que les vaches n’aillent pas brouter l’herbe du pré voisin, car la clôture fait défaut en plusieurs endroits. Tu tricoteras, tout en levant le nez de temps en temps. »

Fanfreluche ne répondit pas, elle réfléchit : « Je n’ai plus de baguette magique, mais je suis fée encore. »

Elle monta sur une grosse pierre et prononça d’une voix impérieuse : « O laine grise, sache te transformer en bas sans l’aide de mes doigts. Et vous, vaches paisibles, restez obéissantes sans que j’aie besoin de vous surveiller. Ainsi le veut la Fée Fanfreluche. »

Elle s’assit par terre et se mit à appeler : « Maman ! Maman ! » Mais aucune voix ne lui répondit.

Le soir vint… Fanfreluche rêvait en regardant s’allumer les étoiles, quand le paysan lui tapa sur l’épaule.

« Eh bien ! Il est temps de rentrer. Rassemble les bêtes, petite ! » Il regarda à terre, vit le tricot inachevé. « Comment ? C’est ainsi que tu fais ta besogne ! »

Quand il s’agit de retrouver les vaches, ce fut une autre affaire : elles étaient bel et bien occupées à tondre l’herbe du voisin.

En voyant ce qui était arrivé, Fanfreluche se désola.

— « Hélas ! hélas ! ne suis-je donc plus Fée ? »

« Tu ne 1’as jamais été, petite sotte ! »

Fanfreluche rentra au logis la tête basse.

Viviane apporta la paix et la résignation dans le cœur de sa fille, pendant qu’elle sommeillait, sur sa couche de paille.

Fanfreluche se réveilla joyeuse.

Le soleil brillait : il faisait si délicieux qu’on avait envie de danser. « Marie, il est temps de partir au pré ! »