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« Fée Yveline, dit-il, j’ai compris. Dans ma fiancée, j’ai veillé à tout, sauf au principal. J’ai désiré une figure jolie à voir, sans me soucier des sentiments qu’elle cachait. Fée Yveline, ma fiancée n’avait pas d’âme, et c’est la seule chose qu’il faut aimer... Pardon, pardon, je suis un mauvais petit garçon !...»

Il pleurait de tout son cœur. La chaleur avait achevé de sécher ses vêtements. Il s’étonna de voir sa main emmaillotée soigneusement dans un linge encore taché de sang.

Qui l’avait soigné ? La fée, sans doute ?...

Doric entra dans une forêt de chênes touffus. Il marchait en baissant la tête, comme un repentant.

Soudain, il tressaillit ; son cœur se mit à battre très fort.

Sur la poussière d’un chemin, il venait de reconnaître l’empreinte de deux petits pieds. Deux pieds nus, que ceux-là, et jamais embarrassés de souliers de satin.

« Annette a passé par ici... Hier ? Aujourd’hui ? Tantôt ? Il y a des jours, peut-être, car il n’a pas plu depuis une semaine... A quoi pensait-elle, en foulant ce chemin ? A son ami ? Elle l’a sans doute oublié... Non, elle l’aimait trop tendrement. Ah ! comme elle était bonne ! Comme elle savait vous dire des choses gentilles et touchantes ! Comme elle savait chanter ! Comme elle savait rire ! Comme elle savait consoler ! »

Doric marche plus lentement : il se sent triste à mourir. Il lui a fait de la peine ! Il l’a méprisée ! Comme il se repent !

Doric tressaille à nouveau : voici maintenant une pauvre petite couronne de pâquerettes abandonnée sur un talus... une couronne comme elle aimait à s’en tresser.

Doric s’approche. Oh ! surprise ! les fleurs sont fraîches ; elles viennent d’être cueillies !

Doric marche encore... Annette est assise sur un tronc d’arbre, les mains croisées sur les genoux.

Il l’appelle doucement. Elle se lève et dit craintivement :

« Êtes-vous guéri, Monsieur le Gouverneur ? »

« Non, répondit-il ; c’est « Doric » qui est guéri ; c’est Doric qui a été soigné par sa petite amie. »

Annette n’y tient plus : elle se jette à son cou.

« Annette, veux-tu, nous serons mari et femme ? Le roi m’a ordonné de me marier. »

La petite regarde sa robe de coton d’un air de regret.

« Sois tranquille, Annette, je t’aime telle que tu es ! Je redeviendrai le