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beau-pour-exister-sur-la-terre. Personne n’a jamais su le reproduire ; le secret de sa fabrication est gardé jalousement dans un monde inaccessible. »

« Comment donc est-il, bonne vieille ? »

« Il est si beau qu’on ne peut se le représenter. »

Elle travaillait, aidée par une légion d’esprits bienfaisants.

« Fée Yveline, s’écria Doric, je veux que ma fiancée porte une robe de cette étoffe. Je n’ai plus rien à ajouter. Faites-moi voir celle en qui j’ai mis tout mon idéal ! »

Il continua sa route et arriva devant un ruisseau. Une jeune fille était là qui l’attendait. Elle était nimbée d’une lumière surnaturelle. Doric la reconnut : c’était sa fiancée. Il l’appela des plus doux noms :

« Je viens vers toi, Reine de grâce, Fleur du ciel. C’est moi qui t’ai créée pour te chérir. Je te donnerai la richesse après t’avoir donné le jour. »

Il s’agenouilla, lui prit la main pour la baiser..

La belle souriait sans paraître le voir.

Il leur fallait traverser le ruisseau.

Doric vit une grosse pierre qui surnageait : « J’y saute, dit-il. Je t’aiderai à l’atteindre après moi. »

Mais la pierre était glissante : il fit un faux pas, voulut se raccrocher et se déchira la main. Il disparut dans l’eau. Le courant était rapide. « Tends-moi la main, supplia-t-il ; sauve-moi… par pitié ! » La jeune fille souriait toujours, impassible ; ses yeux clairs suivaient le corps de son ami, que l’eau allait engloutir.

Doric perdit connaissance. Un peu plus tard il se réveilla, déposé comme par enchantement sur une prairie aux herbes molles.