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Il s’endormit un soir les poings serrés, ayant encore des paroles de colère à la bouche. Un coup léger heurta sa porte. « Va-t-en, sacripant ! » cria-t-il à ce maudit domestique.

Mais la porte s’ouvrit : une fée aussi jolie que le Printemps en fleurs glissa jusqu’à son lit : « J’ai eu pitié de toi, Doric. Je comprends qu’étant si beau, si puissant, si parfait, tu dédaignes ces filles, indignes de toi. »

Je m’appelle Yveline. Adieu, Doric !

Doric se souleva sur sa couche. Sa mauvaise humeur s’était dissipée.

« Sors de ton domaine, parcours le monde, que tu ne connais pas. Puises-y les éléments qui te paraîtront les plus admirables pour créer une jeune fille à ton goût et qui devienne la bienheureuse élue. Quand tu l’auras conçue dans ton esprit, je l’animerai de mon souffle. »

« Merci, bonne fée. Dites-moi votre nom ? »

« Je m’appele Yveline. Adieu, Doric ! »

Le gouverneur se leva promptement, sans attendre le jour.

« Holà ! mes gens ! Vite, que l’on prépare mon cheval de parade et mon page Frisotin. Nous partons, vous dis-je. Hâtez-vous ! »

Des hommes en bonnet de nuit et des femmes en papillotes s’empressent, tout ébahis : ils croient rêver...

Mais non, car voici le maître en grand apparat qui passe la grille du parc.

La nuit est fraîche et délicieuse. Des millions d’étoiles se font des clins d’œil pour se désigner le cavalier, si matinal ou si tardif, qui laisse derrière lui flotter son manteau de fourrure.

Aux approches de l’aurore, un frémissement courut parmi les branches.