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« Elle n’est plus de votre rang », conclut le chancelier d’un ton sec. Et il plissa sa bouche en signe de mépris.

Pour clore l’hiver, on donna des fêtes magnifiques. Toute la noblesse y fut conviée. C’étaient des festins qui duraient trois jours, des bals où l’on dansait des nuits entières, des représentations où figuraient les plus célèbres artistes.

Le printemps vint, hâtif et lumineux. On fit des feux d’artifice dont les fusées dépassaient les plus hauts arbres. On organisa des fêtes champêtres où des barques pavoisées de lanternes et de fleurs voguaient par les nuits bleues, pleines de chansons.

Les nobles dames amenaient leurs filles, dans le secret espoir qu’elles charmeraient le riche gouverneur. C’était une procession de carrosses qui serpentait le long des allées pour se perdre dans la campagne.

On logeait les arrivants dans les salles innombrables du palais. Il avait même fallu construire, en quelques jours, un pavillon spécial pour héberger le trop plein du palais.

La floraison d’avril arrivait des quatre coins du pays, dans de lourds chariots, pour orner le corsage des dames. Les sorbets étaient si nombreux qu’on était à court de neiges éternelles.

Doric vivait dans un tourbillon comme ces mouches qui dansent, le soir, en se grisant de lumière.

Une lettre lui était parvenue de la part du roi.

Elle le priait de choisir une épouse parmi ses invitées sans nombre.

Doric leur trouvait à toutes un défaut : celle-ci avait le nez de travers ; celle-là portait mal ses toilettes ; cette autre n’était qu’une simple duchesse.

Il fit écrire au roi : « Sire, elles ne me satisfont point. Quoi ! pas une qui soit parfaite ! »

Peu après, il fit cesser toute réjouissance, et chaque jeune fille s’en retourna fort déconfite.

« Donnez-moi, Sire, écrivit-il au roi, une belle dame qui soit en tous points comme je la désire. » Mais aucune ne vint, car il ne restait plus d’autres filles à marier dans tout le royaume.

Alors, Doric s’impatienta. Il devint de fort méchante humeur envers ceux qui l’approchaient, trouvant qu’on mettait trop peu d’empressement à combler ses désirs.