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Il n’ose trop sortir : les culottes de velours ne supportent pas la boue des chemins. Il se lasse des histoires que des hommes monotones viennent lui lire pour le distraire et... à quoi bon le cacher : il s’ennuie !

Doric est habillé chaque matin par le beau jeune homme qui vint le chercher pour le mener auprès du roi. Il a l’air aimable, plein d’esprit et de bonté : aussi l’aime-t-il bien.

Annette apparut, toute menue et charmante, dans sa robe à traîne.

Un jour que la triste pluie battait aux vitres comme pour demander d’entrer dans les maisons, Doric se mit à parler d’Annette à son ami : « Te rappelles-tu, lui dit-il, une fillette qui t’a reçue avec moi ? C’est ma petite amie. On m’a défendu de la voir. Mais, si tu le veux, tu l’amèneras ici malgré tout, et de façon à ce qu’on la prenne pour une princesse de haut rang. J’ai des vêtements dont tu la couvriras. Tu lui diras de n’avoir l’air étonnée de rien, quand elle entrera ici, et de ne pas m’embrasser, puisque ce n’est pas la mode. Surtout, recommande-lui de parler avec finesse et distinction. Elle est gentille, vois-tu, mais ce n’est qu’une paysanne, peu habituée, comme moi, aux belles manières. »

Doric alla chercher un paquet emballé dans du papier de soie.

« Voilà ces habits. Je les ai fait confectionner par ma vieille servante. Ils sont souples et beaux. Ne les froisse pas en route. »

L’ami partit avec un sourire indulgent, et le petit gouverneur annonça à tout le château que la princesse Anne de la Tour arriverait bientôt pour lui faire visite, et qu’on lui devait mille égards. Il se tint à la fenêtre et attendit. Ce ne fut pas long. Un galop de cheval, d’abord éloigné, se rapprocha. Annette apparut, toute menue et charmante, dans sa robe à traîne.