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« Frérot ! dit seulement la petite fille avant de s’endormir, je t’admire bien d’avoir osé grimper jusqu’au faîte de cet arbre. »

Le jour vint vite : on était en été. Annette s’en alla à la fontaine et revint en courant.

« Il y a, dit-elle, des cavaliers qui viennent de ce côté. »

Un moment après, des hommes étaient là qui disaient :

« Viens, marmot. Le Roi a demandé de te voir pour te donner une récompense. »

« Je n’ai pas besoin de récompense ! »

« Allons, il faut obéir. »

L’un d’eux enleva Doric avec une grande force, et le plaça devant lui sur son cheval. Ils prirent alors le galop dans un tourbillon de poussière, et Annette resta au milieu de la route, ne sachant si elle devait rire ou pleurer.

Celui qui avait enlevé Doric était un beau jeune homme aux longues mains. Le petit garçon regardait avec ravissement ses ongles roses et sa peau de satin.

Il admirait aussi la dentelle délicate qui s’échappait de sa manche, le brocart magnifique qui serrait son poignet, ses bottes en cuir souple, la plume de son chapeau, qui, parfois, lui caressait le front.

« Cela doit être agréable de porter ces belles choses, » se dit-il.

On arriva au château. Doric traversa des salles qui l’éblouirent et le charmèrent. Il trouva les tapis plus moelleux que les cailloux de la terre. Le roi était assis sur un trône somptueux. Il toisa le petit bonhomme, et, après beaucoup de paroles aimables, lui annonça qu’il recevrait un château, avec le titre de gouverneur de province.

« Je veux bien, Monsieur le Roi, s’il m’est permis de partir avec Annette. »

« Non, mon ami. Dès aujourd’hui, vous êtes noble et grand seigneur. Vous êtes riche. Vous ne parlez plus aux filles de paysans. »

Doric allait réclamer, mais des serviteurs entraient avec des eaux parfumées, des habits brodés, des souliers à boucles, des chapeaux hauts comme des tours.

« Choisissez, » disaient-ils d’un air engageant.

Et Doric se vit, en quelques minutes, paré magnifiquement.

« En route, maintenant, dit le Roi. Il faut partir dès ce matin pour votre nouveau domaine. Mille fois merci encore. Vous nous avez sauvés. »