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La nuit vient, on cherche toujours à la lueur des chandelles. Le lendemain aussi, le surlendemain encore. On n’aperçoit que des corps pliés en deux, des yeux dardés vers le sol ; il s’en faut de peu que les nez ne s’allongent à cet exercice.

Et l’anneau rusé restait dans sa cachette. Il se riait de ces gens qui faisaient tondre l’herbe avec férocité, détourner les rivières, assécher les étangs.

Un jour, pourtant, on voit arriver un jeune garçon qui marche la tête levée vers le ciel. On crie au scandale.

Les malédictions redoublent quand on s’aperçoit qu’il porte une chemise de lin et va pieds nus, tout simplement.

« Quel est ce moucheron ? »

« Hors d’ici, vagabond ! »

Mais le petit suit des yeux, depuis un moment, un oiseau en demi-deuil, qui sautille de branche en branche en relevant chaque fois la queue, comme s’il avait peur de la perdre en route.

« Qu’est-ce donc ? Il s’amuse à regarder une bestiole ! »

La pie prend tout à coup son vol et le jeune garçon aussi agile qu’un chat, grimpe à sa poursuite jusqu’au haut d’un chêne.

« Il va se casser le cou ! »

« Tant mieux ! »

Mais pourquoi tous ces habits de velours se mettent-ils à grommeler ?

C’est que l’enfant, du haut de son arbre a crié quelque chose qui ressemble à : « J’ai trouvé ! » Et il redescend au plus vite, tenant un bel anneau d’or reluisant.

Il s’approche du plus respectable des courtisans :

« Veuillez remettre ceci de ma part au fils du Roi. »

Et il s’en va modestement rejoindre une fillette aux cheveux ébouriffés, qui le regarde avec des yeux candides et émerveillés.

Les chercheurs désappointés ramassèrent leurs lunettes et tous leurs instruments : chacun s’injuriait à part soi de n’avoir pas trouvé. Le vieillard qui tenait en main l’objet précieux réfléchissait que s’il eût été seul, il eût bel et bien fait croire... mais malheureusement, ils étaient plus de mille !

Le petit garçon avait donc rejoint sa compagne : une petite fille frêle comme une tige de blé et qui n’était jolie que par la grâce de son visage. Elle s’appelait Annette, lui Doric. Ils s’aimaient tendrement et vivaient ensemble comme frère et sœur ; ils étaient orphelins tous les deux.

Annette et Doric revinrent chez eux comme si rien n’était arrivé, et pourtant Doric avait sauvé le fils du Roi !