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qui aurais pu ceindre ma tête du plus précieux édifice. C’est pourquoi notre caverne s’agrandit de jour en jour : ainsi grandit le cœur de celui qui donne, à mesure que ses biens diminuent. »

Farisel reçut le bloc d’or avec reconnaissance et partit escorté de son armée. Vers le milieu du jour, ils furent arrêtés par un véritable mur de cadavres d’animaux.

« Ici commence le domaine de Mithra, » dit Barsifoul.

Farisel n’avait pas encore conçu de plan d’attaque. Il réfléchit. « J’obéirai aux fées ; elles m’ont prédit la victoire si je parviens à enfoncer mon arme dans la gueule du monstre. Mais comment faire ? Il est formidable : nous sommes des microbes à côté de lui ! »

Les Poissons dorés n’étaient pas trop rassurés : ils attendaient avec anxiété les ordres de Farisel.

On entendit alors un bruit lointain : un radeau apparut, rempli de poissons morts. Il était traîné par des homards essoufflés. Farisel les arrêta : — « Qui êtes-vous ? »

— « Les malheureux captifs de Mithra ! Nous lui portons sa nourriture quotidienne. »

— « Laissez-moi me cacher parmi ces poissons. Je vous délivrerai en tuant votre maître. »

— « Jamais tu n’y parviendras. »

Mais Farisel grimpa sur le radeau.

— « Suivez-moi pendant le combat. Quand je lui aurai porté le premier coup, prévenez mon armée : elle accourra pour terminer le massacre. »

Il se dissimula sous un énorme requin. Le radeau vogua longtemps. Farisel entendit une voix assourdissante :

« C’est bon ! Laissez-moi manger en paix. » Puis un claquement de langue retentissant. Des mâchoires se mirent à mastiquer avec grand vacarme. Farisel sentit le moment fatal approcher. Il réunit ses forces, serra l’Epée invincible, prêt à la dégainer…

On fourragea autour de lui… on le saisit par une jambe… « Un petit garçon ! La bonne aubaine ! En avant ! » Mithra l’enleva et le tint suspendu devant sa gueule puis il l’y précipita goulûment.

Farisel vit un gouffre noir. Il y planta l’Épée magique. Celle-ci se mit à s’allonger, s’allonger si bien qu’elle barrait l’entrée du gosier de Mithra, en l’empêchant de faire aucun mouvement. Le monstre poussa un hurlement qui disait la haine et la souffrance.

L’armée des Poissons dorés accourait…