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de la mer, jaloux de les voir plus beaux qu’eux. Voyez ce monceau de sable : c’est là qu’était l’entrée. »

— « Je trouverai bien le moyen de les sauver, » dit Farisel. « Ils doivent tant souffrir, privés de nourriture et de lumière ! Mettons-nous à l’œuvre ! »

Ils travaillèrent un jour entier. Farisel se servait de l’Épée invincible pour gratter le sable : l’épée était fée ; c’était plaisir de la voir abattre la besogne, tandis que Barsifoul arrachait péniblement quelques pelletées avec ses pattes. Enfin, ô joie ! la mince cloison qui restait encore s’écroula comme un rideau impondérable. Farisel vit une grotte toute d’or. Du plafond descendaient des stalactites dorées. L’eau y était teintée d’un chaud reflet jaune ; sur le sol, un paillettement de petits poissons couchés piteusement sur le flanc.

« Les pauvres ! Ils meurent de faim ! »

Farisel leur jeta de la nourriture : ils se précipitèrent dessus voracement. L’un d’eux portait sur la tête une couronne de fer. Il prit la parole quand tous furent rassasiés : « Je suis le roi des Poissons-dorés ! Dis-moi ce que je puis faire pour toi, étranger, car nous te devons la vie. »

« Je ne vous demande que de former un souhait sincère pour la réussite de mon entreprise. Je suis parti pour délivrer les filles du Roi de la mer. »

À ces mots les poissons s’écrièrent : « Nous irons avec toi ; nous serons ton armée. Peut-être te serons-nous utiles, car nous avons des mâchoires solides. »

— « J’accepte volontiers et je vous remercie. Couchons-nous pour être bien dispos. Nous partirons demain à l’aurore. »

Farisel s’endormit, laissant Barsifoul prodiguer des soins touchants à son vieil oncle, fort affaibli par son long emprisonnement.

« Debout, amis ! Voici l’heure ! » Farisel parcourait, en répétant ces mots, la caverne sonore.

Les poissons se levaient par légions, tout guillerets. Avant le départ, leur roi voulut offrir un bloc d’or à Farisel.

« La destinée nous a faits les plus riches habitants de la mer, lui dit-il. Mais loin de garder notre trésor jalousement, nous le distribuons aux plus pauvres que nous. Jamais nous ne le gaspillons : c’est un tort que d’user avec excès de ce qu’on possède. Il faut faire jouir à ceux qui en manquent, des richesses dont on dispose. C’est pourquoi je porte une couronne de fer, moi