l’insouciance. D’abord, à quoi bon se lamenter : n’est-ce pas une belle mort que celle qui vous réduit en paillettes brillantes ? »
Elles se penchaient sur les restes de leur compagne. « Regarde, voici son nez… une de ses petites dents… Oh ! sa main presque transformée en poussière… Est-elle drôle ainsi !…
Farisel demanda : « A-t-elle eu beaucoup de mal ? »
« Un grand choc en tombant, voilà tout. Nous ne connaissons pas la souffrance. »
Alors il n’eut plus de remords de son crime ; il se mit à rire comme les fées.
« Nous allons te montrer nos trésors », annonça l’une d’elles. Mais ne sois pas maladroit ; n’écrase pas, en marchant, nos pieds sous les tiens. »
Les fées le conduisirent auprès d’un coffre énorme. Elles se mirent à vingt pour en soulever le couvercle. Farisel vit un amoncellement prodigieux de pierres précieuses entassées les unes sur les autres et confondant leurs couleurs.
« N’est-ce pas qu’il vaut la peine d’être admiré, notre trésor ? » dit une fée orgueilleusement.
La fée se tourna vers ses compagnes, chuchotant quelques mots qu’elles approuvèrent.
« Puisque tu vas tenter de sauver les filles du Roi, nous te faisons cadeau de l’ « Épée Invincible » pour t’aider dans ta généreuse entreprise. Si tu réussis à la plonger dans la gueule du monstre, tu seras le vainqueur. Mais agis avec prudence et tâche d’éviter ses ongles destructeurs. »
Elle retira du coffre une épée longue de trois pouces qui ressemblait, par sa grandeur, à un couteau de poche, par les ciselures de son manche, à un précieux bibelot.
Farisel remercia de tout cœur ses protectrices, puis, se souvenant que Barsifoul l’attendait, il prit congé d’elles.
« Te sens-tu encore le courage de gravir aujourd’hui cette montagne ? »
— « Permettez-moi de m’y arrêter, mon maître. C’est là qu’habitent les Poissons dorés et l’un d’eux est mon oncle. Mais comment se fait-il qu’aucune brèche n’indique l’entrée de leur domaine ? »
Une méduse, qui nageait à côté d’eux, leur dit :
« Les Poissons-dorés ont été enfermés dans leur caverne par les poissons