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Des paroles encore incompréhensibles arrivaient à eux.

« Gare, gare ! bougonna le crabe. Voici cette coquine ! Elle essaye de nous séduire ! »

Farisel vit apparaître, isolée, la Célisale noire. Il rencontra avec effroi l’éclair sombre de ses yeux.

« Viens ici, gentil enfant. Penche-toi pour aspirer avec délice le parfum de ma corolle. Il est bienfaisant. Jamais on ne s’en lasse. Viens, viens ! »

La voix était enveloppante ; les yeux caressants. La corolle se déployait, tentatrice.

« Fleur détestable ! C’est ta mort qu’il me faut ! »

Farisel s’élança et se mit à piétiner furieusement la Célisale, Elle se défendit en lui brûlant les pieds d’un feu invisible, mais il sut se raidir contre la douleur, et la fleur s’écrasa sur le sol avec un cri déchirant.

« Vois le trou qui s’ouvre dans ce rocher. Est-ce la demeure de quelque monstre redoutable ?

— « C’est la grotte des petites fées merveilleuses et transparentes. Veux-tu les voir ? C’est l’heure de leur réveil… » Ils entrèrent sans bruit dans une salle baignée par une lumière calme et laiteuse.

« Où sont-elles ? » demanda Farisel.

Le crabe lui montra autour d’eux des centaines de coquilles de nacre fermées et immobiles.

« Elles sont là. Asseyons-nous à l’écart. J’espère que ces dames ne se feront pas trop prier. »

Ils attendirent peu de temps : de petits coups secs commencèrent à résonner à l’intérieur des demeures et à se répondre d’un coin à l’autre de la salle.

Puis il se fit un court silence.

De tous côtés, des coquilles s’entr’ouvrirent alors, poussées par des bras lumineux. Elles découvraient chacune une fée minuscule à demi endormie encore et qui clignait des yeux en s’étirant.

Les fées avaient des cheveux en fil de verre, des yeux en diamants, des dents en perles fines. Leur corps était fait d’un peu d’eau solidifiée. Elles se ressemblaient. Toutes étaient jolies. Elles se levèrent, posèrent un pied sur le sol ; on eût dit des reines sortant d’équipage.