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LE SIAMOIS

phrase et d’autres racines dont le sens général est celui du passé, du futur, et ainsi de suite.

Ce que nous avons dit de la structure du chinois s’applique donc de point en point à l’annamite. Chez ce dernier également, le système des intonations joue un rôle capital : il distingue, comme en chinois, des mots dont la prononciation serait absolument la même, bien que leur sens soit tout à fait différent. Les intonations annamites sont au nombre de six : ton aigu, fort difficile à décrire ; ton interrogatif ; ton ascendant ou remontant, assez peu différent du ton interrogatif ; ton descendant ; ton grave ; ton égal.

L’écriture annamite est figurative, c’est-à-dire idéographique, et a été empruntée anciennement aux Chinois ; elle a subi, d’ailleurs, des modifications sensibles, et par la suite des temps l’on y a joint de nouveaux signes.

La langue annamite, au surplus, a fait au vocabulaire chinois des emprunts considérables, notamment au dialecte méridional ; ce fait a induit en erreur certains auteurs qui ont voulu comparer les deux idiomes et leur donner une origine commune. Le nombre, quel qu’il soit, de ces mots d’emprunt n’a rien à faire avec le fond même de la langue, avec ses racines propres ; celles-ci, fussent-elles même beaucoup moins nombreuses encore, suffiraient à établir l’originalité incontestable et l’indépendance de la langue annamite.

§ 3. Le siamois.

Le siamois occupe la région située au nord du golfe de Siam, assez avant dans l’intérieur du pays, et la côte occidentale de ce golfe. À l’est, il confine au cambodgien, idiome bien peu connu ; à l’est, il confine au birman qui, lui aussi, est une langue monosyllabique.