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LE CHINOIS

outre les 169 signes idéographiques (dont nous avons ci-dessus expliqué le rôle alors qu’ils se trouvent joints à un élément qui n’est que phonétique), une petite série de signes purement graphiques ou de simples images. Ces 214 clefs contiennent les éléments de tous les caractères chinois ; il il y en a environ 50 000, dont 15 000 à peu près peuvent être en usage. À ces 214 clefs, il faut donc subordonner tous les autres caractères. C’est ce qu’ont fait les Chinois dans leur classification lexique, en ayant soin de disposer les clefs en un ordre consécutif, selon qu’elles se trouvaient représentées par un, deux, trois traits, et ainsi de suite ; la dernière en a dix-sept.

Cette classification arbitraire n’a rien à faire, ainsi qu’on le voit, avec la langue elle-même, et en effet nous avons dit plus haut que l’étude du chinois comprenait deux parts bien distinctes : celle de la langue, celle de l’écriture ; de là les difficultés très-sérieuses que rencontrent les commençants dans l’étude du chinois.

Ajoutons que tous les caractères peuvent être employés, en certaines occasions, comme s’ils n’étaient que phonétiques. C’est de cette façon que les Chinois peuvent écrire avec leurs signes des noms d’emprunt, tels que ’Ia si ’ia, Asia, Asie ; ’Ing ki li, English, Anglais ; Fei li pe eul to, Philibert. On sait également que c’est des caractères chinois envisagés au point de vue purement phonétique que procède l’écriture des Japonais, dont la langue est si différente de la langue chinoise.

Quant aux signes chinois eux-mêmes, nous avons déjà dit qu’ils avaient pour origine un véritable système d’imagerie. On les rencontre encore avec cette forme primitive sur certains monuments et on peut suivre leurs transformations graduelles à travers le cours des âges. Plusieurs systèmes graphiques ont été fixés d’une façon très-précise, ont été employés durant des périodes de plusieurs siècles