La seconde sorte de caractères est plus compliquée. Elle comporte deux éléments : un élément phonétique et un élément idéographique.
Ainsi qu’on le comprend sans peine d’après tout ce qui a été dit ci-dessus, ce dernier élément a pour mission de déterminer la valeur parfois très-multiple de l’élément phonétique. Ce dernier, si l’on ne figure que lui seul, laisse flotter l’esprit du lecteur entre un grand nombre d’homophones ; mais qu’on lui adjoigne un élément idéographique et l’hésitation cesse tout de suite : on a évoqué une idée déterminée, ou du moins une catégorie d’idées. C’est là un procédé fort ingénieux.
En somme, le caractère pris dans son ensemble, dans sa totalité, indique tout à la fois la prononciation et le sens. Ses deux parties se complètent réciproquement ; mais l’une de ces parties est regardée comme nulle quant à sa valeur phonique, et c’est l’autre qui détermine seule la prononciation. Si, par exemple, le signe tcheu vaisseau, est accolé au-devant des signes qui représentent huo feu, ma cheval, ces deux derniers signes perdront leur valeur phonétique, le mot sera lu tcheu mais ce tcheu ne signifiera plus vaisseau. Grâce au caractère dont il se trouve précédé, il laissera entendre soit un vacillement de la flamme, soit une sorte particulière de chevaux[1].
Les Chinois ont arrêté à 214 le nombre des signes, des caractères qu’ils ont appelés chefs de classe, et auxquels nous donnons le nom de clefs. Ces caractères comprennent,
- ↑ La grammaire chinoise de Stephan Endlicher est la plus simple de toutes celles que nous ayons étudiées, mais l’absence de critique s’y fait trop souvent sentir : Anfangsgründe der chinesischen Grammatik. Vienne, 1845. On étudiera avec profit les règles de position des mots dans la Syntaxe nouvelle de la langue chinoise de Stanislas Julien. Paris, 1869.
langue chinoise. Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 1820.