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LA LINGUISTIQUE.

ciation dation propre ; or, comme la langue parlée ne possède environ que douze cents consonnances, « il faut donc que la même prononciation soit attachée en moyenne à plus de trente caractères » (d’Hervey Saint-Denys). On voit que si l’intonation n’a pu venir à bout de toute difficulté, elle avait du moins une utilité bien considérable. Ce fait, nous l’avons dit, est commun aux diverses langues monosyllabiques. Les ouvrages spéciaux citent nombre d’exemples que nous n’aurions que faire de relater ici, et, sans entrer en plus de détails, nous n’avons qu’à mentionner ce procédé ingénieux et fort pratique.

Le matériel phonétique des Chinois n’est pas des plus complexes, mais on ne peut cependant le mettre au rang des plus simples. Parmi les consonnes, nous ne rencontrons ni g, ni d, ni b dans le dialecte mandarin ; dans le dialecte de Fukian, le d seul fait défaut. Dans ce dernier dialecte, les sifflantes sont moins variées que dans le précédent. L’absence de la consonne r est un fait bien connu. Les voyelles n’offrent rien de particulier ; on les rencontre souvent à l’état de diphthongues, et souvent aussi elles sont nasalisées.

En tout cas, et ceci est un fait caractéristique, le monosyllabe chinois s’ouvre par une consonne et se termine par une voyelle. Les signes n ou ng, que nous rencontrons à la fin des mots chinois transcrits en caractères latins, indiquent seulement la nasalisation des voyelles précédentes. Il n’est qu’un mot, un seul, qui échappe à cette règle sévère d’une consonne initiale et d’une voyelle terminale : eul, « deux » et « oreille ».

Les questions de graphique pure sortent du domaine de la linguistique ; elles constituent une étude spéciale, sans doute pleine d’intérêt, mais tout à fait distincte et indépendante. Il est utile pourtant de dire ici quelques mots du système graphique des Chinois et de montrer avec quelle