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LA LINGUISTIQUE.

« fils du ciel » ; ou bien encore, on introduit entre ces deux mots ainsi placés le terme ti (en langue mandarine).

C’est par des procédés tout analogues que l’on rend la notion de qualification et celle de comparaison.

Enfin l’idée du verbe, sur laquelle repose la proposition tout entière, s’exprime encore d’une façon purement syntaxique, ou bien doit se déduire du sens général de la phrase. Rien, par exemple, n’indique en chinois la notion de notre temps imparfait ; parfois également on ne peut comprendre que par le sens général de la phrase qu’il s’agit de l’idée du futur.

Si nous passons de la notion du temps à celle de la modalité, au mode, nous constatons encore que c’est la position syntaxique qui indique le conditionnel. Quant au subjonctif et à l’optatif, ils se trouvent désignés par l’emploi de mots auxiliaires.

Ainsi, en chinois, il ne peut pas plus y avoir de verbe qu’il ne peut y avoir de nom. Nous ne saurions trop le répéter, c’est la syntaxe qui particularise le sens des mots et qui constitue toute la grammaire. En dehors de sa place dans la phrase, le mot n’est qu’une racine à acception aussi large que possible ; et c’est seulement quand il prend position qu’il éveille une idée d’individualité, de qualité, de relation, d’activité, une idée particularisée. C’est ainsi, par exemple, qu’une seule et unique forme ngan signifie « procurer le repos, jouir du repos, posément, repos » ; une autre forme, ta, « grand, grandement, grandeur, agrandir » ; une autre forme, « rond, boule, en rond, arrondir » ; une autre forme encore, « être, vraiment, il, celui-ci, ainsi ».

Nous l’avons dit ci-dessus, et nous devons y revenir en temps opportun, l’emploi de mots accessoires, appelés à donner aux mots principaux le sens bien déterminé qui leur manque, fait passer les langues isolantes à l’état de