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LE CHINOIS

mière phase linguistique ont persisté à travers les âges jusqu’à la dernière période !

Singulier ou pluriel, le nombre n’est indiqué, en principe, que par l’ensemble même de la phrase. Parfois, cependant, on emploie un terme dont le sens est celui de multitude, de totalité : to jin, une foule de gens, beaucoup de gens, « les gens ».

Le sujet s’indique de lui-même, par ce fait qu’il commence toujours la proposition. Le régime direct, si la phrase est simple, se révèle aussi de lui seul en ce qu’il prend place immédiatement après le terme désignant l’action ; c’est le procédé que nous appliquerions en disant : « Emile craint Auguste, » et « Auguste craint Emile » Mais, en d’autres circonstances, c’est l’emploi nécessaire de certains mots qui détermine le régime direct. Ces mots auxiliaires peut-on les regarder comme de véritables propositions ? Non certes, en aucun cas. Ce ne sont toujours que des racines-mots, car le chinois ne connaît point d’autres termes, ainsi que nous l’avons dit. Mais que ces racines, que ces mots auxquels ont fait ainsi appel, conservent encore et toujours dans l’esprit de ceux qui les emploient leur propre et indépendante valeur, c’est ce que l’on ne saurait admettre. Cette valeur s’atténue peu à peu, elle se subordonne, et cette subordination même est la cause qui des langues isolantes fait, avec le temps, des langues monosyllabiques.

La notion du locatif, celle du datif, celle de l’instrumental, celle de l’ablatif sont également rendues soit par l’accession de certains mots, soit par la place dans la phrase. Il suffit d’indiquer ce fait en général, sans entrer dans l’exposition d’une série d’exemples qui nous déborderaient et qu’il est facile de trouver dans les ouvrages spéciaux. Quant au génitif, on l’exprime clairement en plaçant le terme principal après le terme relatif : thien tse