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LA LINGUISTIQUE.

constituèrent les racines par le fait de l’agrégation des éléments simples phoniques.

L’on remédia par un expédient ingénieux à ce défaut de détermination. Ce fut en réglant d’une façon très-rigoureuse la place que devaient occuper les racines, c’est-à-dire les mots dans l’ensemble de la phrase.

La syntaxe était née ainsi avant la grammaire proprement dite. Comme nous aurons à le constater, ce procédé de la position forcée des mots donna naissance par la suite à la seconde forme linguistique, celle de l’agglutination. En jetant un coup d’œil rapide sur les diverses langues monosyllabiques, nous verrons comment on usa de cette ressource importante et comment aussi son origine put s’obscurcir peu à peu.

Quoi qu’il en soit, l’on voit déjà que la grammaire de toute langue monosyllabique, c’est-à-dire de toute langue isolante, est et ne peut être qu’une syntaxe. Dans ces langues en effet le mot est inflexible ; en dépit de tout changement de position dans la phrase, il demeure invariable, toujours le même, et c’est uniquement la position qu’il occupe qui détermine sa valeur, sa qualité de sujet ou de régime, d’épithète ou de substantif, de verbe ou de nom, et ainsi de suite.

Il faut remarquer encore, d’une façon générale, que l’importance de l’intonation est considérable dans les langues monosyllabiques ; ce point ne nous semble pas avoir été traité d’une manière assez complète dans les différents écrits sur les langues en question. La grande valeur du ton, de l’intonation, n’est pas de différencier à l’occasion un grand nombre d’homophonies, c’est-à-dire de mots identiques quant à la forme, mais divers quant à leur signification respective.

Le chinois, l’annamite, le siamois, le birman, le tibétain sont les langues monosyllabiques principales. Ils consti-