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CHAPITRE III.

PREMIÈRE FORME LINGUISTIQUE : LE MONOSYLLABISME LES LANGUES ISOLANTES.

Parmi les formes différentes que peuvent présenter les langues ou les familles de langues, la forme monosyllabique est la plus simple ; c’est la forme élémentaire, chez laquelle les mots sont de simples racines. Ces racines-mots, ou ces mots-racines, n’éveillent qu’une idée essentiellement générale. Nulle indication de personne, de genre, de nombre ; nulle indication de temps, de mode ; point d’éléments de relation, point de conjonctions, point de prépositions. Rien qu’une idée très-large, sinon très-vague, une idée que ne rend même pas la forme, si peu déterminée déjà, de notre infinitif.

Dans ce premier état (nous dirons plus tard dans cette première couche), la forme du mot est donc unique : c’est la racine telle quelle, la racine invariable. La langue, dans cette première étape, n’est formée que d’éléments dont le sens est éminemment général : point de suffixes, point de préfixes, aucune modification, quelle qu’elle soit, qui puisse indiquer une relation, un rapport quelconque. À ce premier degré, le plus simple de tous, la phrase est donc faite d’après cette formule : racine + racine + racine, etc., etc., et ces racines successives (c’est là le point capital à noter) sont toujours invariables.

On comprend, après ce court exposé, pourquoi les langues de cette espèce ont reçu la dénomination générale de monosyllabiques ou d’isolantes : leurs mots en effet