Page:Hovelacque - La Linguistique.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
34
LA LINGUISTIQUE.

monde sans la main droite devient aussi habile avec la main gauche qu’on l’est ordinairement avec l’autre main[1]. »

Nous n’avons qu’un mot à ajouter à cette citation, c’est que les observations recueillies jusqu’à ce jour et dont le nombre est maintenant considérable, viennent toutes confirmer la doctrine de cette localisation de la faculté du langage articulé.

C’est là un fait capital et qui en dit à lui seul plus que tous les autres, lorsqu’il s’agit de démontrer que l’étude du langage articulé est du domaine de l’histoire naturelle, ainsi que nous avons déjà cherché à l’établir dans le chapitre précédent.

La possession de la faculté du langage articulé ne présage rien d’ailleurs de ce que sera, chez l’individu qui s’en trouve doué, l’exercice de cette faculté. Cet exercice en effet est un art, un art difficile : l’enfant bégaye et bégaye longtemps, jusqu’au jour où, grâce à un certain développement intellectuel, grâce également à l’habitude acquise, il parvient à user comme ceux qui l’entourent de sa faculté native. En d’autres termes, la faculté est naturelle, mais l’usage de cette faculté est un art : la première a été assez heureusement qualifiée, en grec, de ἐνέργεια ; le second, de ἔργον.

De là les actes purement automatiques qui se révèlent en si grand nombre dans l’exercice de la fonction dont il s’agit, tant dans ses manifestations normales qu’à l’état pathologique[2].

  1. Consultez également Adr. Proust, Altérations de la parole, Bulletins de la Société d’anthropologie de Paris, 1873, p. 786. Du même auteur : De l’aphasie, Archives générales de médecine. Paris, 1872.
  2. Onimus, Du langage, Bulletins de la Société d’anthropologie de Paris, 1873, p. 759 et suiv.