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LANGAGE ARTICULÉ DANS l’HISTOIRE NATURELLE.

ne manque. Il ne leur manque à tous deux que la liberté de faire usage de cette faculté, et cela par suite d’un événement étranger à la faculté même[1]. »

Nous nous arrêterons un peu plus longtemps sur le cas de l’abolition de la faculté du langage articulé, résultant d’une lésion cérébrale. Certes, il n’y a point de doute que les individus victimes d’une telle lésion ne conservent leur caractéristique naturelle, c’est-à-dire leur qualité d’homme, quand bien même l’aphasie, chez eux, se trouve complète ; mais le résultat des études importantes faites en France sur ce sujet ne nous semble pas assez connu, et il est bon, il est nécessaire de le répandre davantage. Cela, d’ailleurs, peut contribuer à bien mettre en relief la véritable nature des recherches linguistiques.

Les tentatives de localisation cérébrale entreprises au dernier siècle partaient d’un principe sensé, mais le défaut de procédés d’expérience devait les faire avorter. Elles avortèrent en effet. De nos jours, l’anatomie pathologique a repris la question, et il est difficile de méconnaître la grande importance des résultats auxquels est arrivé M. Broca. Nous le suivrons d’une façon rapide.

L’exercice de la faculté du langage articulé est subordonné « à l’intégrité d’une partie très-circonscrite des hémisphères cérébraux et plus spécialement de l’hémisphère gauche. Cette partie est située sur le bord supérieur de la scissure de Sylvius, vis-à-vis l’insula de Reil, et occupe la moitié postérieure, probablement même le tiers postérieur seulement de la troisième circonvolution frontale ».

C’est l’autopsie des aphasiques qui a démontré cette localisation. Dans cette autopsie, en effet, on découvre

  1. Vaïsse. Bulletins de la Société d’anthropologie de Paris, 1866, p. 346.