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LA LINGUISTIQUE.

tout entière à entreprendre pour le plus grand nombre des autres systèmes ; celui, par exemple, des langues dites khamitiques (ancien égyptien, copte, tamachek, galla, etc.) et celui des langues dravidiennes (tamoul, télinga, etc.).

Mais la vie des langues n’est point un sujet qu’il soit possible de traiter en quelques pages, il réclamerait un volume entier et une longue série d’exemples pris tour à tour dans les différentes familles linguistiques. Nous n’entamerons pas cet exposé trop spécial, et il suffira sans doute d’avoir signalé ici le fait général et constant de cette vie, de cette activité de la matière, sous un de ses côtés les plus curieux et les plus riches en enseignements.

§ 3. Aide que se prêtent mutuellement la linguistique et la philologie.

Il est incontestable que le linguiste trouve parfois un puissant auxiliaire dans l’emploi de la méthode historique. Cette dernière est indispensable en effet lorsqu’il s’agit de l’étude de la syntaxe. Ici l’initiative personnelle peut être plus marquée. Loin de nous, certes, la moindre velléité d’attribuer à cette initiative une liberté à laquelle elle ne saurait prétendre sans braver les premiers enseignements de l’expérience ; nous savons assez que la spontanéité est déterminée de la manière la plus stricte et que le prétendu libre arbitre n’est, selon la parole de Spinosa, que la conscience de la volonté. Il nous faut donc encore considérer cette sorte d’arbitraire comme le fruit, le simple fruit d’une disposition naturelle, soumise, par conséquent, à une direction également naturelle. L’on peut dire que les formations par analogie, elles-mêmes, n’échappent pas à ce sort commun et qu’elles ne trahissent, le plus souvent, qu’une véritable paresse intellectuelle.