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LA LINGUISTIQUE.

l’Europe, au moyen âge, puis de leur rétrogradation vers l’est. Également comparée est la philologie dite orientale qui s’applique à ces trois langues, le persan, l’arabe, le turc, tout étrangères que soient les unes aux autres ces différentes langues sous le rapport linguistique. Dans l’Inde et dans l’extrême Orient le bouddhisme a donné naissance à une philologie comparée, tout comme la légende de Charlemagne dans l’Europe occidentale.

C’est en particulier à Schleicher[1], à MM. Kuhn, Gliavée[2], Spiegel[3] qu’est due la distinction si importante entre ces deux sciences, philologie et linguistique. Tous ces auteurs tombent d’accord sur le fait capital que l’une est du domaine des connaissances historiques, l’autre du domaine des connaissances naturelles.

La linguistique peut être définie : l’étude des éléments constitutifs du langage articulé et des formes diverses qu’affectent ou peuvent affecter ces éléments. En d’autres termes, si l’on veut, la linguistique est la double étude de la phonétique et de la structure des langues.

Il est aisé de comprendre comment la linguistique se rattache à la physiologie par l’étude du matériel phonétique des langues, c’est-à-dire de leurs sons. Le premier soin du linguiste est d’inventorier les voyelles et les consonnes des langues qu’il examine et d’établir les lois de leurs permutations ou de leurs variations ; la découverte de ces lois lui sera d’autant plus facile qu’il sera plus familiarisé avec le jeu de l’appareil vocal.

Les voyelles et les consonnes constituent les premiers éléments du langage. Plus tard apparaissent d’autres éléments, que l’on qualifie souvent du nom d’éléments simples bien que, pour l’ordinaire, ils soient déjà composés (c’est-à-

  1. Die deutsche sprache, Intr., chap. vi.
  2. Bulletins de la Société d’anthropologie de Paris, 1862 ; p. 198.
  3. Die traditionelle literatur der Parsen, p. 48.