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sur les anciens auteurs pour les examiner, les corriger, les expliquer et les mettre au jour ». Cette définition conserve encore toute sa valeur ; elle correspond aux deux premiers sens que M. Littré, comme nous venons de le voir, donne dans son Dictionnaire au mot de Philologie. En définitive, la tâche du philologue est l’étude critique des littératures sous le rapport de l’archéologie, de l’art, de la mythologie ; c’est la recherche de l’histoire des langues et subsidiairement de leur extension géographique ; c’est la découverte des emprunts qu’elles se sont faits les unes aux autres dans le cours des temps, en particulier des emprunts lexiques ; c’est, enfin, la restitution et la correction des textes.

C’est là, au premier chef, une science historique, une branche considérable de l’« érudition ». Avant le développement contemporain des sciences naturelles, les langues n’étaient envisagées, et il n’en pouvait être autrement, que sous ce seul et unique rapport ; la philologie a précédé de longtemps la linguistique.

La philologie, simplement dite, ne s’attache qu’à une seule langue : elle la critique, en interprète les documents, en améliore les textes d’après les données et les informations que peut lui fournir cette seule et même langue. L’étude vient-elle à se porter de façon corrélative sur deux langues diverses, ou sur plusieurs branches d’un même idiome, la philologie devient alors comparée. Ainsi la philologie dite classique est le plus souvent comparée : elle s’occupe, comme l’on sait, des textes grecs et latins. De même la philologie romane, la philologie germanique, la philologie slave sont, les unes et les autres, comparées ; elles traiteront, par exemple, de l’influence qu’exerça la langue des Précieuses du dix-septième siècle sur la langue courante des âges suivants ; du rôle que joua dans la formation de l’allemand moderne la version de la Bible par Luther ; de l’extension des langues slaves, vers l’ouest de