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INTRODUCTION.

tout aussi ignorantes de son objet que de sa méthode. C’est le sort commun de toutes les sciences naturelles. On y supplée volontiers par des assertions purement sentimentales au défaut d’études fondées sur l’expérience. C’est ainsi qu’on se déclare hardiment polygéniste ou monogéniste, ami ou ennemi de la doctrine de l’évolution, sans avoir jamais mis le pied dans un laboratoire d’anthropologie.

Nous ne chercherons pas à éviter l’examen de la question de l’origine du langage. C’est une question purement anthropologique. Sans nous occuper des rêveries auxquelles elle a donné lieu, nous la traiterons uniquement au point de vue de l’histoire naturelle, c’est-à-dire de l’anatomie et de la physiologie. Le langage articulé est un fait naturel, soumis, comme tout autre fait, à l’investigation libre et désintéressée, et ce n’est pas une entreprise téméraire que d’aborder la question de son origine. L’écarter sous prétexte qu’il faut proscrire toute recherche des « origines premières », c’est admettre la possibilité même de ces causes premières, dont les mathématiques et la chimie ont fait justice.

À côté des questions de linguistique pure, nous avons introduit çà et là, mais dans une faible mesure, certaines questions de philologie qui s’y rattachaient directement. Nous avons traité plus volontiers de quelques points d’ethnographie linguistique, mais