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Je n’y songeais déjà plus, quand, un matin, Antoine de la Tour me fit signe. Une demi-heure après, il me présentait au roi.

Je n’ai jamais vu un homme plus simple et plus charmant que Louis-Philippe. Il commença par me dire qu’il aimerait bien mieux habiter l’appartement de son ami Voltaire que le grand palais des Tuileries, qui était à tout le monde, excepté à lui-même. Ensuite, il me fit l’éloge de mes Portraits du dix-huitième siècle, ce qui me renversa.

— Comment Votre Majesté a-t-elle pu trouver une heure pour feuilleter mon livre ?

— Monsieur, ce sont les bonnes fortunes du hasard. Votre livre m’est tombé sous la main. Je l’ai feuilleté plutôt que lu, mais j’ai senti que vous aviez vécu dans le temps passé. Quand M. de la Tour m’a dit votre nom, je croyais voir une barbe blanche. Je suis sûr que vous avez connu mon aïeul Philippe d’Orléans. Vous l’avez compris et vous l’avez apprécié.