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ne l’offenserait plus. Et il était de bonne foi.

Ce serait pour lui une amie charmante, rien de plus. Ils continueraient leurs causeries plus ou moins savantes comme deux bons amis et non comme un homme et une femme. Ainsi vont les passions. Ce fut Blanche qui attisa le feu. Elle mourait d’ennui quand elle était deux jours sans voir le colonel. Il devina pourtant qu’il était aimé. Un jour, il se hasarda à baiser encore les beaux cheveux de Blanche. Elle jugea que c’était un frère qui embrassait sa sœur. Peu à peu, l’intimité s’imposa. Jules d’Atrepigny voulut faire comprendre à Blanche que le ciel sur la terre, c’était l’amour de deux amants, et que Dieu lui-même, par toutes les forces de la nature, voulait qu’il en soit ainsi. Blanche parla d’un mariage possible. Jules d’Atrepigny dit que l’heure n’était pas venue de parler de ces choses-là ; que, pour lui, d’ailleurs, il voulait tout avant le mariage. On se fâcha un peu. Pendant huit jours, on ne se revit pas. Blanche pleurait.