Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/86

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur les cheveux ; jusque-là il ne lui avait touché que la main. Elle s’échappa de ses bras toute rougissante et courut s’enfermer chez elle.

Il lui sembla que son âme venait de s’envoler. Le démon, à ses yeux, ne l’eût pas plus profanée. Elle crut en se regardant dans la glace que l’auréole virginale venait de tomber de son front. Avant ce baiser, elle s’était sentie dans une atmosphère de vertu et de candeur ; maintenant, elle sentait le souffle démoniaque.

Le colonel vint la surprendre dans ses tristesses. Elle aurait voulu lui fermer la porte, mais il était trop tard. Il la supplia de lui pardonner ce qu’il appelait un enfantillage.

La pauvre Blanche pardonna, croyant que Jules d’Atrepigny ne se risquerait plus, puisqu’il paraissait désolé de ses larmes.

Cependant le mal était fait. Cette pauvre fille, qui avait bravé l’amour, était presque déjà dominée par la passion. Le colonel jura qu’il