Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/8

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ture, Adèle Fouché, devenue madame Victor Hugo. Pourquoi la jeune femme ne le jeta-t-elle pas tout de suite à la porte quand il osa tenter le crime de lèse-amitié, car il jouait encore le rôle de l’ami quand il voulait être l’amant de la femme. C’était au temps où Victor Hugo était dominé, lui le dominateur de l’Olympe romantique, par les beaux yeux de Juliette, cette mauvaise comédienne qui se consola dans la politique de son échec sur les planches.

Dans le monde du théâtre, il faut toujours qu’une femme s’impose, soit par le talent, soit par la beauté. Juliette aurait bien pu se contenter d’être belle, mais elle voulait régner pour avoir une cour de flatteurs. Le premier flatteur, ce fut Victor Hugo. Quand madame Victor Hugo vit les ravages de l’actrice dans le cœur, sinon dans l’esprit de son cher Victor, elle perdit quelque peu la tête.

Sainte-Beuve jugea que c’était l’heure de la crise et de la prise. Il ressentit et joua tous