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sur ce grand poète trop oublié : ni marbre, ni bronze pour ce génie superbe et ce cœur vaillant.

Et à propos de bronze et de marbre, Louis Ratisbonne m’écrit : « Un Anglais de passage à Paris m’a demandé sur quelle place se trouvait la statue d’Alfred de Vigny et quelle pièce de lui il pourrait voir jouer au Théâtre-Français. J’ai été confus.

» Alfred de Vigny a vécu pauvre et retiré entre sa mère et sa femme malades dont il fut le frère infirmier. Il mourut peu de temps après sa femme, en proie au terrible vautour : le cancer.

» Vous savez que sous son apparence rigide et doucement altière, il disait : « La politesse est une défense. » C’était un passionné. Eh bien ! ce qui a remué les profondeurs de son cœur ardent, il l’a dit comme il a voulu le dire sous le voile divin de la poésie dans la Maison du Berger, dans les Colères de Samson et autres poèmes en vers immortels.