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naute Nadar pour son prochain voyage dans le ciel. »

Madame Dorval, qui se métamorphosait pour chacun de ses rôles et qui s’enchevêtrait dans les passions les plus terrestres, aimait à faire ses ascensions dans l’idéal, tantôt avec Alfred de Vigny, tantôt avec Jules Sandeau qui lui-même était un rêveur à perte de vue. On ne la couvrait pas d’or, ni chez l’un, ni chez l’autre : Alfred de Vigny, qui devait devenir riche un jour, avait juste de quoi payer les hommes de loi, qui, à Paris et à Londres, le représentaient pour un grand héritage ; mais, ô justice railleuse ! Alfred de Vigny ne gagna son procès qu’un quart de siècle après sa mort. Sandeau, qui venait de se marier avec une charmante créature sans dot, ne donnait à Marie Dorval que les miettes de la table. Et ce n’était pas son mari, le critique Merle, qui pouvait la secourir, lui qui vivait de l’air du temps, selon son expression.

Cette grande actrice qui mourait à la peine