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jours généreux. Il avait de quoi être généreux. Sait-on que la pâte de Regnault, où il avait risqué tout son patrimoine, c’est-à-dire dix-sept mille francs, lui donnait un revenu viager de cent mille francs ? Ce qui, joint aux sept ou huit cent mille francs gagnés à l’Opéra, lui donnait un joli revenu pour un homme seul. On l’a accusé de bien des crimes, par exemple d’avoir payé beaucoup de vertus. On disait que Rachel ne lui avait coûté que cinquante mille francs ; simple calomnie pour Rachel qui était alors la conjointe de Walesky. Véron aimait toutes les femmes ; il n’en prenait pas une, hormis la femme d’un de ses amis qui s’en payait deux avec son argent.

Sophie, la gouvernante de Véron, cette autre servante de Molière, avait de hautes prétentions ; elle parlait politique comme madame Roland. M. Fould, M. Walesky, M. de La Valette, s’asseyaient avec elle dans la salle d’attente pour recevoir ses compliments ou ses admonestations. C’est qu’elle