Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parler ou de m’écouter. Il était de ceux qui, comme Richelieu et Napoléon, peuvent faire deux choses à la fois.

— Que faites-vous là ? lui demandai-je en le voyant à sa dixième feuille, où il jetait rapidement sa belle écriture.

— Eh bien ! j’écris un chapitre des Girondins.

Je n’en revenais pas, car nous ne parlions pas du tout de la Révolution.

Quand on vint nous avertir pour le déjeuner, Pelletan, qui corrigeait les épreuves de Lamartine, entra et lui dit que l’imprimeur attendait.

— Qu’il aille au diable ! Je ne puis lui donner, aujourd’hui, que vingt-cinq pages !

Rien que vingt-cinq pages ! Et vingt-cinq pages que je relis souvent.

Les documents ne lui manquaient pas pour les Girondins. Il en avait de toutes mains. Mais il se contentait de les feuilleter au hasard des trouvailles, ce qui ne l’empêche pas d’être