de tête. Elle se remit à l’œuvre avec un rayon de joie dans l’âme. L’amour était venu pour elle, l’heure d’aimer sonnait son gai carillon. Tout en faisant ses bouquets, elle se rappelait mot à mot tout ce que lui avait dit l’étudiant. Elle le voyait sans cesse, avec son manteau à l’espagnole fièrement et négligemment jeté sur son épaule, ses grands cheveux blonds ébouriffés, sa fine moustache, ses traits un peu sévères, qui contrastaient si bien avec sa façon railleuse et gaie de parler l’amour.
— Si j’osais ! dit-elle en soupirant.
Quand Rosine eut noué trois ou quatre bouquets, il lui vint un autre chaland : c’était encore un étudiant ; mais celui-ci avait une belle fille à son bras. Ils allaient follement par la ville, d’un air sans souci, dans toute la liberté de la jeunesse et de l’amour. Le jeune homme prit un gros sou