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LA TERREUR BLANCHE EN 1815




MARSEILLE


Déjà au retour de l’île d’Elbe la guerre civile avait ensanglanté le Midi. Pendant toute la durée des Cent Jours, royalistes et bonapartistes, catholiques et protestants, miquelets et fédérés, gardèrent leurs espérances, leurs rancunes, leurs haines. S’ils ne combattaient plus, leur esprit restait en armes, animé des fureurs de la Saint-Barthélemy et des massacres de septembre. La nouvelle de l’abdication déchaîna ce peuple surexcité et impatient d’en venir aux mains. Des Cévennes à la mer, des Pyrénées aux deux rives du Rhône, en quelques jours tout le pays s’embrasa. Partout des troubles, des séditions, des émeutes, des cris de colères, des menaces de mort, l’appétence du sang.

Les villages s’insurgent, l’écume des villes se soulève. Montauban, Agen, Cette, Orgon, Tarascon, Agde, Béziers, Aigues-Mortes, Aubenas sont en pleine révolte ; on emprisonne les fonctionnaires, les commandants de place, on désarme les petites garnisons. À Perpignan, le 27 juin, le peuple parcourt les rues en criant : « Vive l’empereur ! Mort aux royalistes ! » La nuit, ces processions continuent, plus effrayantes, à la lueur des torches. « J’ai dû calmer