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Le lendemain, jour de l’Assomption, Ramel suivit en grande tenue la procession du vœu de Louis XIII. Il alla dîner comme il en avait coutume chez sa maîtresse, une Romaine qu’il avait ramenée d’Italie en 1814. La ville était en fête ; on dansait sur la place des Carmes. Vers huit heures, le général quitta Mlle Diosi pour rentrer chez lui. Arrivé place des Carmes, à quelques pas de sa maison, il entendit derrière lui les cris : « À bas Ramel ! » Il se retourna et vit un rassemblement de trente ou quarante individus qui le suivaient menaçants. « — Vous voulez Ramel ? dit-il froidement, le voici. Que lui voulez-vous ? » De nouveau on cria : « À bas Ramel ! À bas le brigand ! Vive le roi ! » Ramel se découvrit et cria aussi : « Vive le roi ! » La foule grossissait autour de lui, l’entourait. Il se fraya passage jusqu’au seuil de sa porte que gardait un factionnaire. « — Faites votre devoir, commanda-t-il, défendez-moi. » Lui-même tira son épée. Le soldat dont le fusil n’était pas chargé croisa la baïonnette. Mais aussitôt il s’affaissa, frappé à mort d’un coup de baïonnette. En même temps, un des assaillants déchargea à bout portant son pistolet sur Ramel ; la balle l’atteignit au bas-ventre. « — Je suis mort ! » cria-t-il. La détonation et la grande rumeur qui suivit interrompirent les danses.