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point de danger, que les autorités sauront le protéger. Au préfet qui vient le voir un instant, au commandant de la garde nationale Hugues il réclame aussi ses pistolets. « — Donne-moi ton sabre, dit-il à un sous-lieutenant de la milice nommé Boudon ; tu verras comment sait mourir un brave. »

La porte de la chambre était restée entr’ouverte. Un garde de faction, un certain Girard, aperçut le maréchal déchirant des lettres. « — Est-ce que vous correspondez avec l’armée de la Loire ? » lui demanda cet homme. « — Ce sont des lettres de ma femme. » Brune avait voulu sauver de la profanation les lettres de sa chère Angélique, l’humble ouvrière d’autrefois qui, par ses belles vertus et sa hauteur d’âme, était bien digne de porter le nom de maréchale Brune.

Peu à peu, la chambre s’emplit de monde. Il y a une quinzaine de personnes, parmi lesquelles le capitaine Soulier, de la garde nationale. Cet incroyable dialogue s’engage entre lui et le maréchal : « — Il faut avouer, dit Brune, que je ne me suis jamais trouvé dans une circonstance pareille. » « — Vous n’étiez pas dans une circonstance pareille, quand vous portiez au bout d’une pique la tête de la comtesse de Lamballe. » « — Jeune homme, savez-vous qui je suis ? » « — Oui, je le sais, et c’est