Page:Houssaye - La Terreur blanche en 1815, paru dans Le Temps, 2, 7 et 9 février 1905.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.

On se rue contre la porte ; à vingt reprises on l’attaque avec des haches, avec des pics ; on essaye de la faire sauter avec de la poudre ; ses battants massifs résistent à tous les coups. Au reste, les meneurs ne semblent pas trop pressés d’en finir. Ils sont sûrs que leur proie ne peut leur échapper. Sur la place et aux abords, fourmillent quatre mille personnes ; des piquets surveillent les derrières de l’hôtel ; à toutes les lucarnes, sur les toits même des maisons voisines, brillent des canons de fusil.

Ces lenteurs prolongent l’horrible agonie de Brune. Il est près de deux heures : depuis dix heures et demie, il se sent dans la main de la mort, de la plus hideuse des morts. Les hurlements de la populace pénètrent jusque dans la chambre où on l’a confiné. Il entend dans le corridor les pas lourds et les propos menaçants des volontaires et des chasseurs d’Angoulême que Lambot lui a donnés comme gardes ou plutôt comme geôliers. Sa gorge est sèche, il veut boire. Il sonne et demande à Mme Molin du vin de Bordeaux et une carafe d’eau. En même temps, il la prie de lui apporter ses pistolets qui sont dans sa voiture. « — Je ne veux pas, dit-il, que la plus vile canaille porte la main sur un maréchal de France ! » Mme Molin n’ose pas aller chercher ces armes ; elle dit au maréchal qu’il ne court