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colonne ; ils craignaient pour leur vie s’ils restaient à Avignon. À l’embranchement des routes d’Orange et de Carpentras, on croisa une troupe de huit cents paysans armés. Ces gens en guenilles, à faces de bandits, étaient le corps du Royal-Louis, formé à Carpentras par le major Lambot avec d’anciens miquelets, des tâcherons, des vagabonds. En passant, les deux troupes se provoquèrent par les cris : « Vive le roi ! Vive l’empereur ! » et continuèrent chacune son chemin vers Avignon et vers Pont-Saint-Esprit. Un peu plus loin, les impériaux rencontrèrent un autre détachement royaliste, d’une centaine d’hommes tout au plus. Ils les sommèrent de mettre bas les armes, et ceux-ci voulant résister, ils les dispersèrent à coups de crosse et de baïonnette. Le lendemain, la colonne de Cassan atteignit sans encombre Pont-Saint-Esprit. Là, on était en sûreté.

Lambot et ses miquelets traitèrent Avignon, où ils n’avaient eu que la peine d’entrer, comme une ville prise d’assaut. Ils eurent d’ailleurs pour guide et pour complice la populace avignonnaise. Le premier jour, le café de l’Oule et le café du Méridien furent saccagés, vingt maisons pillées de la cave au grenier, dix autres entièrement brûlées, dont la grande corderie Fabre-Montagne qui flamba pendant quarante heures. Deux à trois cents personnes, invalides,