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MYSTÉRIEUX
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— J’en suis vraiment fâché, reprit un vieux cultivateur ; car qu’il fît commerce ou non avec le diable, il avait d’excellents remèdes pour les chevaux.

— Vous pouvez le dire, ajouta le garçon d’écurie, il n’y avait pas, dans tout le pays, un maréchal aussi savant que lui. Il a guéri notre cheval d’un mal qu’on disait incurable.

— L’as-tu vu, Baptiste ? demanda l’aubergiste.

— Et quand je l’aurais vu, notre maître ?

— C’est que l’on serait bien aise de savoir comment le diable est fait.

— Vous le saurez un jour, dit la douce moitié de l’aubergiste, si tous ensemble vous ne cessez pas vos relations avec les agents du mauvais esprit. Cependant, Baptiste, comment était-il fait, ce diable ?

— Je ne l’ai pas vu, madame Lafrenière. J’avais fait écrire par le professeur Jacques la maladie de mon cheval, et je me rendis près d’un certain coteau, où l’enfant le plus laid que j’aie vu de ma vie me servit de guide et me fit déposer la lettre et l’argent sur une grosse pierre ; puis je m’éloignai, et lorsque, au bout d’environ une demi-heure, l’enfant me dit de retourner, le remède était sur la pierre. Oui, je crois qu’il sera difficile à présent de guérir les maladies de nos chevaux.

L’amour propre du métier faisait oublier à Taillefer le danger qu’il y avait pour lui d’écouter ces louanges flatteuses mais DuPlessis, le tirant à l’écart, lui fit remarquer qu’il serait bon de ne pas rester longtemps dans ce lieu, où il pouvait être reconnu. Après que le maréchal eut pris à la hâte un repas commandé pour lui par DuPlessis, tous les deux se remirent en route pour Champlain, où ils arrivèrent vers le soir au manoir de M. Pezard de la Touche.