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MYSTÉRIEUX
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Joséphine. Pour vous avouer toute la vérité, je l’aimais et je pense qu’elle ne me haïssait pas trop. Le bon vieillard devina le secret de nos cœurs et, un jour, en sa présence, il nous fit fiancer l’un à l’autre. Notre mariage devait avoir lieu quelques années plus tard. Le bonheur que j’avais retrouvé depuis la perte de mes parents, était trop grand, je n’en étais point digne, il faut croire ; il ne dura pas aussi longtemps que je l’avais espéré. Tout cela maintenant m’apparaît comme un rêve doré, hélas ! trop vite dissipé ! Mais ne voilà-t-il pas que je deviens sentimental ! Pour un homme de mon âge, ça ne convient guère…

— Continuez, M. DuPlessis, continuez, fit l’aubergiste plus ému qu’il ne voulait le paraître et très intéressé à ce récit.

DuPlessis poursuivit, après avoir passé sa main nerveuse sur son front comme pour en chasser des pensées pénibles :

— Dans l’intervalle, Deschesnaux, — que Dieu ait pitié de lui ! — passant un jour, vers le soir, à Champlain, en compagnie de M. Hocquart, intendant du roi à Québec, fut surpris par un violent orage. Ils entrèrent chez un brave marchand du village et demandèrent à y passer la nuit. M. Pezard de la Touche, ayant appris bientôt après quels étaient ces étrangers, leur envoya dire que, connaissant que la maison de M. Lanouette, — c’était le nom du marchand en question, — n’était pas aussi grande que sa généreuse hospitalité, il avait l’honneur, avec la permission de leur respectable hôte, de les inviter à lui faire le plaisir d’aller loger chez lui. L’offre fut acceptée avec reconnaissance. Quelques jours après, le même Deschesnaux, passant encore par là, seul cette fois, entra au manoir présenter les respectueuses salutations de M. l’intendant, avec ses remerciements réitérés pour la cordiale hospitalité qu’il y avait reçue. Deschesnaux prétendit