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MYSTÉRIEUX
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— Un jour, oui, Joséphine, ce jour viendra, et tu ne peux le désirer plus ardemment que moi. Avec quel plaisir j’abandonnerais les soins de l’État, les soucis et les inquiétudes de la vie officielle, pour couler tranquillement ma vie dans mes domaines, avec toi pour compagne et amie ! Mais, pour le moment, c’est impossible.

— Et pourquoi cela est-il impossible ?

Le front de l’intendant se rembrunit.

— Joséphine, dit-il, n’empoisonne pas le bonheur présent en désirant une chose impossible aujourd’hui. Rendre public en ce moment notre mariage serait travailler à ma ruine. Mais crois-moi, plus tard, lorsque ce sera plus facile, je ferai ce qu’exige la justice pour toi comme pour moi. Ne reviens plus sur ce sujet, qui m’est pénible. Dis-moi plutôt si tout se passe ici selon tes goûts. Comment Cambrai se conduit-il pour toi ?

— Il me rappelle quelquefois, répondit Mme Hocquart en soupirant, la nécessité de ma solitude, mais c’est me rappeler tes désirs. D’ailleurs, sa fille Louise est la compagne de ma solitude, et je l’estime infiniment.

— Vraiment ? Je veux la récompenser alors puisqu’elle te plaît.

Mme Hocquart appela Louise.

— Puisque madame est contente de vos services, prenez ceci pour l’amour d’elle, dit-il, en lui mettant dans la main cinq pièces d’or.

— Je n’accepterais pas ce présent, que, d’ailleurs, je mérite trop peu, répondit Louise, si je n’espérais pouvoir m’en servir de manière à attirer les bénédictions de Dieu sur vous, sur madame et sur moi.

— Faites-en ce qu’il vous plaira. Mais allez dire que l’on se hâte de nous servir la collation.

— J’ai engagé M. Deschesnaux et Cambrai à souper avec nous ; m’approuves-tu ?