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LE MANOIR

— Vous avez l’art habile du courtisan, M. Deschesnaux, mais c’est un art inconnu au capitaine DuPlessis, qui ne sait pas dire de paroles ambiguës. Il venait, n’étant pas instruit du nom de mon mari, pour essayer de me tirer d’ici ; mais, si j’ai la conviction qu’il n’a pas inventé la maladie de mon père, je puis espérer que son amitié l’a peut-être exagérée, et je veux croire à la véracité des nouvelles que vous m’avez données. Je dirai à M. Hocquart quelle a été la visite de M. DuPlessis et dans quel but il la faisait.

— Madame fera ce qu’elle jugera convenable, mais, puisque rien n’exige cet aveu, elle ferait mieux peut-être d’épargner à M. DuPlessis le danger qui pourra en résulter pour lui.

— Admettre une telle conséquence, monsieur, serait supposer à mon mari des sentiments indignes de son cœur loyal.

— Madame, je ne doute pas de ses nobles qualités, je suis trop souvent à même de les apprécier. Mais ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi M. Hocquart vous avait soustraite à tous les regards ; pourquoi il vous faisait garder par Thom Cambrai si étroitement, et pourquoi lui-même entourait ses visites chez sa légitime épouse d’un tel mystère ?

— C’est le bon plaisir de mon mari ; je n’en dois pas rechercher la cause.

— Très bien, madame ; mais, quelle que soit cette cause, pensez-vous qu’il puisse convenir à M. Hocquart que le capitaine DuPlessis la recherche et la découvre, et supposez-vous que mon illustre maître soit homme à souffrir sans punir ce qu’il regardera comme une insulte ?

— Si je croyais, répondit-elle, que je pusse causer quelque tort à M. DuPlessis en parlant de lui, je me tairais ; mais à quoi bon, puisque Cambrai l’a vu ? Non, j’en parlerai à M. Hoc-