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LE MANOIR

de vous avoir donné un époux dont l’affection a fait tant de choses pour vous rendre heureuse. Et, moi aussi, j’ai travaillé à vous parer de mon mieux, mais si vous continuez à courir de chambre en chambre, pas une de vos boucles ne tiendra.

— Tu as raison, ma bonne Louise, dit la dame en se mirant dans une glace, je ressemble à une paysanne avec ces joues rouges d’excitation et ces boucles de cheveux en désordre. Viens, tu vas réparer ces marques de mon étourderie ; il faut que je m’habitue à l’apparat.

Elles passèrent dans le salon, où madame Hocquart s’assit sur un coussin, pendant que sa suivante remettait sa coiffure en ordre. Au bout d’un moment, la dame reprit :

— Eh bien, Louise, est-ce bien comme cela ? Assez, assez, il faut que je voie Deschesnaux avant l’arrivée de M. Hocquart. Il est bien avant dans les bonnes grâces de mon mari. Cependant, si je voulais me plaindre de lui…

— Oh ! n’en faites rien, ma chère maîtresse, dit Louise. Ne vous mettez pas en opposition avec lui ; il a l’oreille du maître et toujours celui qui l’a contrarié a eu à le regretter.

— Et pourquoi donc, ma petite Louise, moi qui suis l’épouse de ce maître, serais-je obligée de garder tant de ménagement avec cet inférieur ?

— Madame, j’ai entendu dire à mon père qu’il aimerait mieux rencontrer un loup affamé que de déranger ce M. Deschesnaux dans ses projets ; et mon père n’a jamais que de bonnes intentions, bien que son air rude semble quelquefois donner le démenti à son cœur.

— Je te crois, mon enfant ; je veux te croire, quand ce ne serait que par amour pour toi. Mais, Louise, la nuit approche ; M. Hocquart est à la veille d’arriver. Va appeler Deschesnaux et ton père.