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LE MANOIR

me contre toi, qui en fus aimé. Mais tu n’ignores pas que je sais me battre ?

— Non, Deschesnaux ; mais j’en désire avoir d’autres preuves que ta parole.

— Tu n’en manqueras pas, dit Deschesnaux, et, tirant son épée, il s’élança sur DuPlessis.

Ce dernier était sur ses gardes. Les épées brillèrent, se croisèrent et s’entrechoquèrent avec violence. Bientôt Deschesnaux fut renversé et, avant qu’il eût pu se relever, la pointe de l’épée de son antagoniste était appuyée sur sa poitrine. Au même instant DuPlessis sentit qu’on lui saisissait le bras par derrière. Il se retourna et aperçut Michel Lavergne, qui s’écria :

— Allons ! allons ! camarade, assez de besogne pour un jour ; retournons au « Canard-Blanc ».

— Retire-toi, vil misérable, répondit DuPlessis en colère ; oses-tu bien te placer entre mon ennemi et moi ?

— Vil misérable ! répéta Lavergne ; tu me donneras raison de cette injure tôt ou tard, je te le promets. En attendant, décampe, car nous voilà deux contre un.

DuPlessis vit que Deschesnaux, profitant de cet incident, s’était remis sur pied, et qu’il ne pourrait, sans une folle témérité, continuer le combat. Il sortit alors du parc en disant :

— Au revoir, Deschesnaux. Nous nous rencontrerons plus tard dans quelque lieu où personne ne sera pour te dérober à la lame de mon épée.

Deschesnaux ne répliqua rien à cela, mais, se retournant vers Lavergne, il lui demanda :

— Mon brave, êtes-vous camarade de Cambrai ?

— Son ami juré.

— Très bien. Prends cet or, et suis cet homme ; sache où il s’arrêtera et viens m’en infor-