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LE MANOIR

— Bon Dieu ! Deschesnaux, faut-il donc en venir là ?

— Oui, Thom, si tu veux gagner cette propriété.

— J’avais toujours craint que ça ne finît ainsi. Mais comment ferons-nous, Deschesnaux ? car, pour rien au monde, je ne voudrais porter la main sur elle.

— J’aurais la même répugnance à le faire, Thom. Nous devons regretter ce sorcier de Degarde et son élixir, et ce vaurien de Lavergne.

— Comment ! où est donc en effet Lavergne ?

— Ne m’adresse pas de question sur son compte ; tu le verras sans doute un jour.

Mais revenons à des affaires plus sérieuses. Thom, cette trappe, ou ce pont-levis de ton invention, peut-il avoir l’apparence d’être sûr, quoique les supports soient enlevés ?

— Oui, il peut rester levé comme de coutume sans les supports, mais une personne n’aurait pas fait quatre pas dessus qu’il s’abaisserait en un clin d’œil, précipitant son fardeau dans la rivière… Ah ! mon Dieu ! tout cela finira mal pour nous tous…

— Tu t’alarmes de rien, Thom. Ne vois-tu pas qu’elle mourrait en ayant voulu s’enfuir… Que pouvions-nous faire à cela, toi ou moi ? Allons déjeuner… nous nous concerterons après-midi.

Dans l’après-midi, vers le soir, Cambrai visita l’infortunée prisonnière et lui porta quelque nourriture. Il fut tellement touché de sa douceur et de sa résignation qu’il ne put s’empêcher de lui recommander de ne pas mettre le pied dehors avant l’arrivée de M. Hocquart.

— Et j’espère, ajouta-t-il, qu’il arrivera bientôt.

— Hélas ! dit la malheureuse Joséphine, je ne sais plus que penser : il m’avait promis de revenir de suite auprès de moi, et je ne l’ai