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LE MANOIR

et d’autre, lorsque DuPlessis en portant un rude coup à l’intendant, qui le para habilement, se mit, dans une position désavantageuse.

L’intendant le désarma, le renversa par terre et sourit d’un air féroce en voyant la pointe de son épée à deux pouces de la gorge de son adversaire. Lui mettant alors le pied sur la poitrine, il lui ordonna de confesser les crimes dont il s’était rendu coupable et de se préparer à mourir.

— Je n’ai rien à me reprocher, répondit DuPlessis, je suis mieux préparé que vous à la mort. Usez de votre avantage et que Dieu vous pardonne comme je vous pardonne. Je ne vous ai donné aucun motif de me poursuivre de votre haine.

— Aucun motif ! aucun motif ! s’écria l’intendant. Meurs donc comme tu as vécu !

Il allait porter le coup fatal quand tout à coup on lui saisit le bras par derrière. Il se retourna en fureur, et vit avec surprise un jeune garçon qui se cramponnait à son bras droit avec une telle vigueur qu’il ne put s’en débarrasser qu’en employant toute sa force. Pendant ce moment de répit, DuPlessis se releva, et le combat eût recommencé avec acharnement si le jeune garçon ne se fût précipité aux pieds de M. Hocquart au risque de se faire blesser, et ne l’eût conjuré de l’écouter une minute.

— Lève-toi et laisse-moi ! s’écria l’intendant, ou je te frappe de mon épée. Quel intérêt te pousse à interrompre le cours de ma vengeance ?

— Un intérêt puissant, noble monsieur ; car peut-être suis-je la cause, par ma folie, de cette querelle et peut-être de malheurs plus terribles encore. Oh ! si vous voulez vivre à l’abri de tout remords, lisez de suite cette lettre.