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MYSTÉRIEUX
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— Monsieur l’intendant, dit hypocritement Deschesnaux tout réjoui en lui-même d’entendre proférer ces menaces, votre douleur et votre ressentiment ne doivent pas vous porter à des rigueurs qui, bien que légitimes, pourraient vous laisser des regrets ensuite.

— Deschesnaux, continua l’intendant en devenant de plus en plus exaspéré, tellement que son confident en était tout étonné et presque effrayé, je le répète, c’est inutile, il faut que l’un de nous deux périsse ; je vois que le sort en est jeté, et il vaut autant que ce soit elle que moi, elle la seule coupable, l’ingrate, la traîtresse, l’alliée de mes ennemis, l’empoisonneuse de mon bonheur !

Il fit signe à Deschesnaux de s’éloigner, et resta enfermé seul assez longtemps.

— Quand il sera gouverneur et moi intendant, se dit Deschesnaux en sortant, il ne pensera pas plus aux orages des passions malgré lesquelles il sera parvenu au faîte des grandeurs, que le matelot arrivé au port ne songe aux tempêtes qui l’ont assailli pendant le voyage.

Au bout d’un certain temps, la porte de la chambre s’ouvrit, et Deschesnaux, qui était resté à se promener dans un corridor adjacent, vit que M. Hocquart lui faisait signe de rentrer. Ce dernier était si pâle et son visage avait une expression si étrange, que le confident crut que son maître avait le cerveau dérangé. Mais il eut bientôt la preuve que c’était à cause du projet barbare qu’il méditait que tout son être était bouleversé.